Pour célébrer, en 1919, le quatrième centenaire de la mort du plus illustre de ses artistes et hommes de science, le cinéma italien se devait de lui consacrer un long métrage. C’est à une pionnière, la comédienne Julia Cassini-Rizzotto, que fut confiée cette tâche. Son film réalisé avec Mario Corsi, dont une copie a été miraculeusement retrouvée en Finlande il y a quelques années, remporta un grand succès à sa sortie. La biographie de Leonardo est généreusement romancée, attribuant un rôle de premier plan à Mona Lisa, et le jeu des acteurs est encore loin du naturel recherché au cinéma. Mais la reconstitution historique est impressionnante, grâce notamment aux effets de profondeur du système de stéréoscopie inventé par Lamberto Pineschi. Pour accompagner cette belle évocation de Florence, Milan et Amboise à la Renaissance, Denis Raisin-Dadre et les musiciens de son ensemble Doulce Mémoire ont puisé dans le répertoire de la même époque : frottolle, balli, pavanes et madrigaux de Marchetto Cara, Philippe Verdelot, Guglielmo Ebreo. Et quelques pages aussi de Bartolomeo Tromboncino, compositeur d’un Orfeo perdu, sur des vers de Poliziano, dont on sait que Leonard de Vinci en conçut les décors.